Pour que soient respectés les peuples indigènes menacés dans leur identité et leur existence même.

4. L’une des finalités de l’Etat de droit est que tous les citoyens puissent jouir d’une même dignité et soient égaux devant la loi. Cependant, l’existence de minorités, en tant que groupes identifiables à l’intérieur d’un Etat, pose la question de leurs droits et de leurs devoirs spécifiques.
Beaucoup de ces droits et de ces devoirs concernent précisément les rapports qui s’instaurent entre les groupes minoritaires et l’Etat. Dans certains cas, les droits ont été codifiés, et les minorités bénéficient d’une protection juridique propre. Mais il n’est pas rare que, même là où l’Etat assure cette protection, les minorités aient à souffrir de discriminations et d’exclusions de fait. L’Etat lui-même a alors l’obligation de promouvoir et de favoriser les droits des groupes minoritaires, car la paix et la sécurité intérieures ne pourront être garanties que par le respect des droits de tous ceux qui se trouvent sous sa responsabilité.

5. Le premier droit des minorités est le droit à l’existence. Ce droit peut être méconnu de diverses manières, jusqu’aux cas extrêmes où des formes ouvertes ou indirectes de génocide le réduisent à néant. Le droit à la vie, en tant que tel, est inaliénable, et un Etat qui se livre à des actes de nature à mettre en péril la vie de ses citoyens appartenant à des groupes minoritaires, ou qui tolère de tels actes, viole la loi fondamentale qui règle l’ordre social.

6. Le droit à l’existence peut être atteint également de manière plus subtile. Certains peuples, en particulier ceux que l’on appelle autochtones et aborigènes, ont toujours eu avec leur terre un rapport spécial qui est lié à leur identité propre, à leurs traditions tribales, culturelles et religieuses. Quand les populations indigènes sont privées de leur terre, elles perdent un élément vital de leur existence et courent le risque de disparaître en tant que peuple.

7. Un autre droit à sauvegarder est le droit des minorités à conserver et à développer leur culture. Il n’est pas rare de voir des groupes minoritaires menacés d’extinction culturelle. En certains lieux, en effet, a été adoptée une législation qui ne leur reconnaît pas le droit d’utiliser leur langue propre. On impose même parfois des changements dans les noms de famille ou de lieux. Et il arrive que les minorités voient ignorées leurs expressions artistiques et littéraires, et qu’elles ne trouvent pas de place, dans la vie publique, pour leurs fêtes et leurs célébrations, tout cela pouvant mener à la perte d’un riche héritage culturel. Il est également un autre droit étroitement lié à celui-ci : celui d’entretenir des rapports avec les groupes de même héritage culturel et historique qui vivent sur le territoire d’autres Etats.

MESSAGE POUR LA CÉLÉBRATION DE LA
JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX
JEAN-PAUL II
8 décembre 1988

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COMMENTAIRE

Avoir soin de la fragilité

209. Jésus, l’évangélisateur par excellence et l’Évangile en personne, s’identifie spécialement aux plus petits. (cf. Mt 25, 40). Ceci nous rappelle que nous tous, chrétiens, sommes appelés à avoir soin des plus fragiles de la terre. Mais dans le modèle actuel de “succès” et de “droit privé”, il ne semble pas que cela ait un sens de s’investir afin que ceux qui restent en arrière, les faibles ou les moins pourvus, puissent se faire un chemin dans la vie.

210. Il est indispensable de prêter attention aux nouvelles formes de pauvreté et de fragilité dans lesquelles nous sommes appelés à reconnaître le Christ souffrant, même si, en apparence, cela ne nous apporte pas des avantages tangibles et immédiats : les sans-abris, les toxico-dépendants, les réfugiés, les populations indigènes, les personnes âgées toujours plus seules et abandonnées etc. Les migrants me posent un défi particulier parce que je suis Pasteur d’une Église sans frontières qui se sent mère de tous. Par conséquent, j’exhorte les pays à une généreuse ouverture, qui, au lieu de craindre la destruction de l’identité locale, soit capable de créer de nouvelles synthèses culturelles. Comme elles sont belles les villes qui dépassent la méfiance malsaine et intègrent ceux qui sont différents, et qui font de cette intégration un nouveau facteur de développement ! Comme elles sont belles les villes qui, même dans leur architecture, sont remplies d’espaces qui regroupent, mettent en relation et favorisent la reconnaissance de l’autre !

EXHORTATION APOSTOLIQUE
EVANGELII GAUDIUM
FRANÇOIS
24 novembre 2013

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