Pour que dans tous les pays du monde les femmes soient honorées et respectées, et que soit valorisée leur contribution sociale irremplaçable.
[…] Avec vous, je rends grâce au Seigneur pour tout le bien qu’a accompli le Centre italien des femmes depuis presque soixante-dix ans d’existence, pour ses travaux dans le domaine de la formation et du développement humain et pour le témoignage qu’il a apporté en ce qui concerne le rôle de la femme dans la société et dans la communauté ecclésiale. En effet, au cours des dernières décennies, en même temps que d’autres transformations culturelles et sociales, l’identité et le rôle de la femme dans la famille, dans la société et dans l’Église, ont subi des changements importants, et en général la participation et la responsabilité des femmes ont augmenté.
Dans ce processus, aujourd’hui comme par le passé, le discernement du magistère papal reste également important. Nous citerons tout particulièrement la Lettre apostolique de 1998 du bienheureux Jean-Paul II, Mulieris dignitatem, sur la dignité et la vocation de la femme, un document qui, dans la ligne de l’enseignement du Concile Vatican ii, a reconnu la force morale de la femme, sa force spirituelle (cf. n. 30) ; et rappelons-nous aussi le Message pour la Journée mondiale de la paix en 1995 sur le thème « La femme : éducatrice à la paix ».
Moi non plus je n’ai pas oublié la contribution essentielle de la femme dans la société, en particulier avec sa sensibilité et son intuition à l’égard de l’autre, des plus faibles et des personnes vulnérables, et je suis heureux de voir beaucoup de femmes partager certaines responsabilités pastorales avec les prêtres dans l’accompagnement des personnes, des familles et des groupes, comme dans la réflexion théologique. Et j’ai souhaité que l’on fasse plus de place à une présence féminine plus étendue et incisive au sein de l’Eglise (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 103).
Ces nouveaux espaces et responsabilités qui se sont ouverts et dont je souhaite sincèrement qu’ils puissent élargir à l’avenir la présence et les activités des femmes, tant dans le milieu ecclésial que civil ou professionnel, ne peuvent pas nous faire oublier le rôle irremplaçable de la femme dans la famille. Les qualités de délicatesse, de sensibilité particulière et de tendresse qui abondent dans l’esprit féminin représentent non seulement une véritable force dans la vie des familles, le rayonnement d’un climat de sérénité et d’harmonie, mais aussi une réalité sans laquelle la vocation humaine ne pourrait exister. Et cela est important. Sans ces attitudes, sans ces qualités de la femme, la vocation humaine ne peut se réaliser.
Si dans le monde du travail et dans la sphère publique il est important que l’apport du génie féminin se fasse plus incisif, il demeure absolument indispensable dans la sphère familiale, qui pour nous chrétiens n’est pas simplement un lieu privé, mais cette « Église domestique » dont le salut et la prospérité conditionnent le salut et la prospérité de l’Église et de la société elle-même. Pensons à la Vierge : la Vierge dans l’Église crée quelque chose que ne peuvent créer les prêtres, les évêques, les Papes. C’est elle le génie authentique. Et pensons à la Vierge dans la famille. À ce que fait la Vierge dans une famille. La présence de la femme dans le milieu domestique s’avère donc plus que jamais nécessaire pour transmettre aux générations futures de solides principes moraux et transmettre la foi elle-même.
C’est là que se pose spontanément la question : comment peut-on accroître une présence efficace dans de nombreux domaines de la sphère publique, dans le monde du travail et là où sont prises les décisions les plus importantes, et en même temps maintenir une présence et attention préférentielle et toute particulière dans la famille et pour la famille ? C’est ici que, outre une réflexion sur la réalité de la femme dans la société, intervient le discernement qui nécessite la prière assidue et persévérante.
C’est dans le dialogue avec Dieu, illuminé par sa Parole, irrigué par la grâce des sacrements, que la femme chrétienne s’efforce toujours à nouveau de répondre à l’appel du Seigneur, dans la réalité de sa condition.
Une prière qui est toujours soutenue par la présence maternelle de Marie. Elle, qui a gardé son divin Fils, l’initiatrice de son premier miracle aux noces de Cana, qui était présente au Calvaire et à la Pentecôte, vous montre le chemin à parcourir pour approfondir le sens et le rôle des femmes dans la société et afin que vous soyez pleinement fidèles au Seigneur Jésus Christ et à votre mission dans le monde.
DISCOURS AUX PARTICIPANTES AU CONGRÈS NATIONAL
ORGANISÉ PAR LE CENTRE ITALIEN DES FEMMES
PAPE FRANÇOIS
25 janvier 2014
© Copyright 2014 ‐ Libreria Editrice Vaticana
COMMENTAIRE
Valoriser le rôle des femmes
Je partage avec vous, même brièvement, le thème important que vous avez affronté ces jours derniers : la vocation et la mission de la femme à notre époque. Je vous remercie de votre contribution. L’occasion a été le 25e anniversaire de la Lettre apostolique Mulieris dignitatemdu Pape Jean-Paul II, un document historique, le premier du Magistère pontifical consacré entièrement au thème de la femme. Vous avez en particulier approfondi le point où il est dit que Dieu confie d’une manière spécifique l’homme, l’être humain, à la femme (cf. n. 30).
Que signifie ce « confier de manière spécifique », confier de manière spécifique l’être humain à la femme ? Il me semble évident que mon prédécesseur se réfère à la maternité. Tant de choses peuvent changer et ont changé dans l’évolution culturelle et sociale, mais il est un fait que c’est la femme qui conçoit, qui porte dans son sein et qui fait naître les enfants des hommes. Et cela n’est pas simplement une donnée biologique, mais comporte une richesse d’implications autant pour la femme elle-même, pour sa manière d’être, que pour ses relations, pour sa façon de se situer par rapport à la vie humaine et à la vie en général. En appelant la femme à la maternité, Dieu lui a confié d’une manière tout à fait spéciale l’être humain.
Mais ici on trouve deux dangers toujours existants, deux opposés extrêmes qui blessent la femme et sa vocation. Le premier est de réduire la maternité à un rôle social, à un devoir, même s’il est noble, mais qui de fait met de côté la femme avec ses potentialités, ne la valorise pas pleinement dans la construction de la communauté. Que cela se produise dans le domaine civil, ou bien dans le domaine ecclésial. Et en réaction à cela, on trouve l’autre danger, en sens opposé, celui de promouvoir une sorte d’émancipation qui, pour occuper les espaces soustraits au domaine masculin, abandonne ce qui est féminin avec les traits précieux qui le caractérisent. Et je voudrais souligner ici que la femme possède une sensibilité particulière pour les « choses de Dieu », en particulier en nous aidant à comprendre la miséricorde, la tendresse et l’amour que Dieu a pour nous. J’ai plaisir également à penser que l’Église n’est pas « le » Église, mais est « la » Église. L’Église est femme, elle est mère, et cela est beau. Vous devez penser à approfondir cela.
[…] Dans l’Église aussi, il est important de se demander : quelle présence a la femme ? Je souffre — je dis la vérité — quand je vois dans l’Église ou dans certaines organisations ecclésiales que le rôle de service — que nous avons tous et que nous devons tous avoir — que le rôle de service de la femme glisse vers un rôle de servidumbre. Je ne sais pas si on dit ainsi en italien. Comprenez-vous ? Service. Quand je vois des femmes qui font des choses de servidumbre, c’est que ce que doit faire une femme n’est pas bien compris. Quelle présence a la femme dans l’Église ? Peut-elle être davantage valorisée ? C’est une réalité qui me tient beaucoup à cœur et c’est pourquoi j’ai voulu vous rencontrer — contre le règlement, parce qu’une rencontre de ce genre n’est pas prévue — et vous bénir, vous et votre engagement. […]
DISCOURS AUX PARTICIPANTS AU SÉMINAIRE ORGANISÉ
PAR LE CONSEIL PONTIFICAL POUR LES LAÏCS
À L’OCCASION DU XXVe ANNIVERSAIRE
DE LA LETTRE APOSTOLIQUE MULIERIS DIGNITATEM
PAPE FRANÇOIS
12 octobre 2013
© Copyright 2013 ‐ Libreria Editrice Vaticana